L’anatomie astrale et l’anatomie comparée à la Renaissance, ou l’art pictural au service d’une thérapeutique des passions

Mathilde Bernard

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Bernard, M. (2019). L’anatomie astrale et l’anatomie comparée à la Renaissance, ou l’art pictural au service d’une thérapeutique des passions. p-e-r-f-o-r-m-a-n-c-e, 5.


Le XVIe siècle connaît une alliance nouvelle de l’art et de la médecine. La soif de connaissance s’épanche dans toutes les sciences humaines, au rang desquelles l’anatomie tient son rang, malgré les réticences morales et théologiques qu’elle suscite nécessairement[1]. [En effet, la science de l’anatomie n’existe pas sans celle de la dissection d’une part, pb religieux, et d’autre part, elle prouve des choses, et gêne d’autant plus le religieux par là. Mais il existe un accord tacite entre les médecins et les autorités théologiques]. L’anatomie se développe sous des formes multiples et ne se conçoit pas sans le soutien de l’art pictural. Ce que les praticiens découvrent par la dissection doit être rendu avec précision par le dessin, dans l’intérêt même des médecins ; inversement les découvertes scientifiques servent l’art, dans la mesure où elles permettent une meilleure connaissance du corps humain et contribuent à la précision picturale recherchée par les peintres de la Renaissance : l’anatomie se trouve donc au carrefour de l’art et de la médecine.

Elle ne se conçoit pas sans référence à la transcendance ; la Providence s’incarne et la médecine n’a pas de sens en dehors d’une volonté de Dieu, ou de la Nature. La connaissance accrue de l’homme permet, dans l’esprit des hommes de la Renaissance, d’approcher de plus près le dessein de Dieu non plus seulement pour l’humanité, mais pour chaque individu, car Dieu inscrit les destinées dans les corps et expose les passions sur les visages. Ces dernières s’analysent avant tout en termes médicaux et l’anatomie offre au champ d’analyse des passions un moyen formidable puisque le corps porte la marque du caractère. C’est par conséquent à travers quelques formes de l’anatomie à la Renaissance que l’on se demandera comment l’art pictural a pu se mettre au service d’une révélation servant tout à la fois l’analyse des passions et la divination. L’utilisation du dessin permet de comprendre mieux les passions de l’homme et donc, potentiellement, de les guérir, ou du moins de les contrôler en société. Dans cette optique, la métoposcopie et l’anatomie comparée, filles de la médecine hippocratique, poursuivent des fins similaires.

Théorie des humeurs et anatomie à la Renaissance

Selon une théorie qui vient d’Hippocrate puis de Galien et qui perdure au moins jusqu’au milieu du XVIIe siècle, le tempérament dominant d’un homme est déterminé par le déséquilibre de ses humeurs. Quatre humeurs, ou fluides, circulent dans le corps, la mélancolique (bile noire), la flegmatique (pituite), la sanguine (sang) et la bilieuse (bile jaune). L’idéal d’un équilibre parfait entre ces quatre humeurs n’étant presque jamais atteint, celle qui prédomine détermine alors le tempérament d’un homme[2]. Plusieurs facteurs peuvent influer sur le tempérament, et notamment la température et l’humidité, qui ne sont pas les mêmes chez un homme ou une femme, un enfant ou un vieillard, selon les moments de l’année, le lieu[3]. Cependant il est important pour un médecin de comprendre les tendances dominantes du tempérament du patient, pour pouvoir le guérir quand il sombre dans le terrain de la pathologie, et prévenir ses passions avant qu’elles ne s’expriment dans toute leur violence. C’est en ce point qu’intervient l’anatomie et le dessin anatomique : le tempérament peut être appréhendé par la vue, au simple regard porté sur l’individu, ainsi que l’explique Claude de La Bellière de La Niolle, l’auteur d’une Physionomie raisonnée au milieu du XVIIe siècle. Ce dernier évoque

cette Maxime de la Medecine qui enseigne que la qualité qui paroit au dehors à nos yeux, n’est pas differente de celle qui est cachée au-dedans, par laquelle nous distinguons les Melancholiques, des Bilieux ; les Sanguins, des Melancholiques ; & les Phlegmatiques des Melancholiques, des Sanguins & des Bilieux[4].

Dans la conception hippocratique, corps et âme sont indissociables, et tous deux sont objets de la science médicale : l’anatomie est redécouverte à la Renaissance comme « l’outil qui permettra de scruter l’âme et son comportement[5] ». Cette importance du dehors pour comprendre le dedans contribue à expliquer le succès de l’anatomie au XVIe siècle et son influence sur la peinture du XVIe siècle, la « fascination » qu’elle exerce même, pour reprendre les mots de Jean Céard[6].

Le véritable créateur de l’anatomie moderne est sans doute André Vésale, auteur du De Humanis Corporis Fabrica en 1543, traité d’anatomie agrémenté de planches faites par un élève du Titien, Stefano Calcar :

Le progrès de l’anatomie est lié à celui de la dissection et Vésale lui-même faisait des expéditions nocturnes au charnier des Innocents pour récupérer des cadavres. C’est – prétendument ? – pour s’élever la connaissance de Dieu par la connaissance de l’homme que les anatomistes pratiquaient la dissection, qui participe du mouvement humaniste en expansion. La Fabrica de Vésale connut un véritable succès à travers l’Europe, de même que La Dissection des parties du corps humain (Paris, Simon de Colines, 1546) de Charles Estienne.

Charles Estienne, La Dissection des parties du corps humain (Paris, S. de Colines, 1546, p. 310).

Les artistes se passionnent pour la dissection et la science anatomique. Le cas de Léonard de Vinci, qui a lui-même disséqué des cadavres, pratiqué des coupes d’organes, des injections dans les vaisseaux, afin de perfectionner le dessin anatomique[7], est bien connu. Voici une de ses planches anatomiques :

Léonard de Vinci.

Parmi les différents types d’anatomie à la Renaissance[8], nous en étudierons deux de plus près : l’anatomie astrologique ou métoposcopie et l’anatomie comparée, qui eut une grande influence sur le XVIIe siècle, et notamment sur Charles Lebrun.

La métoposcopie ou l’anatomie astrologique

La métoposcopie consiste à interpréter les lignes du visage pour connaître le tempérament d’un homme ainsi que son destin, déterminés par les astres, qui impriment leur marque dans la chair. La tradition arabe situe cette science entre la médecine et l’astrologie et le Moyen Âge européen la place entre la philosophie et la médecine humorale et anatomique. Dans tous les cas, c’est une science médicale, qui suppose un art de l’observation et du dessin.

Le médecin André du Laurens, dans la première moitié du XVIIe siècle, décrit son modèle anatomique en insistant sur le lien entre les astres et le corps humain, selon un principe d’analogie :

Nous avons déjà déclaré l’analogie admirable qui est entre le soleil et le cœur ; le foie, fontaine de la vapeur gracieuse, est très bien comparé au bénin Jupiter ; la vésicule du fiel enserre dans soi l’embrasement et la fureur de Mars ; la chair flétrie de la rate, réceptacle de l’humeur mélancolique, représente fort bien l’étoile froide et maléfique de Saturne. Ainsi les parties dites célestes de l’un et de l’autre monde correspondent les unes aux autres en nombre et proportion. […] Voilà la météorologie du petit monde[9].

L’analogie entre le microcosme humain et le macrocosme cosmique régit la vision de l’homme à la Renaissance et réside au cœur du principe de la métoposcopie : le visage est au corps ce que le corps est au monde, un modèle en réduction. Dans les années 1550, les ouvrages de métoposcopie, ou physionomie astrologique, fleurissent en dépit des interdictions religieuses qui pèsent sur les prédictions astrologiques. Le plus célèbre est celui de Jérôme Cardan. En préambule de son livre, il commence par prendre la précaution de reconnaître que cet art est faillible :

On ne peut adiouster une ferme croyance aux choses à venir, par l’inspection de la Figure de la Teste, ny par celle des Lignes du Front : Mais nous predisons, ainsi qu’aux autres Arts, les choses lesquelles arrivent le plus frequemment, sçavoir celles qui sont les plus manifestes, pour ce qui regarde les forces de l’esprit ; celles qui sont les plus obscures, pour ce qui concerne les évenements ; & celles qui tiennent le milieu, pour ce qui est des effects[10].

Après avoir souscrit  une certaine prudence rhétorique, il consacre un traité très détaillé, composé de nombreuses figures agrémentées d’explications, à l’anatomie astrale. Il produit avant toute chose une introduction générale sur la signification des différentes lignes gravées sur le visage :

À raison de la quantité continue, les Lignes Continuées, outre la complexion chaude, signifient aussi une prosperité & vehemence dans les affaires : ainsi que les Courtes, predisent une froideur, tant au corps, qu’aux affaires.

Les Lignes Larges, declarent une chaleur meslée avec humidité, & des hommes gays, qui ne sont nullement subiets à l’impetuosité de la fortune, & qui n’ont pas mauvais esprit.

Les Lignes Subtiles, denotent une froideur joincte à une humidité, comme aussi des hommes agreables, lascifs, paresseux, mols et effeminez[11].

Son livre consiste ensuite en l’examen de cas précis de figures, dont Jérôme Cardan, montre à quel point elles portent la marque de la détermination divine. Les traits du visage sont à la fois l’expression des passions et des vices – ces deux objets ne sont pas distingués clairement à la Renaissance ; c’est pourquoi les lignes sont aussi la trace qui écrit l’avenir sur la peau :

La métoposcopie est donc une science pour connaître les tempéraments des hommes – qui a donc une fonction sociale et thérapeutique – et pour prédire l’avenir, ce qui suscite la méfiance de beaucoup, à commencer par Montaigne, qui au chapitre « De la physionomie » écrit :

C’est une foible garantie que la mine ; toutesfois elle a quelque consideration. Et si j’avois à les foyter, ce seroit plus rudement, les meschans qui dementent et trahissent les promesses que nature leur avoit plantées au front : je punirois plus aigrement la malice, en une apparence debonnaire. Il semble qu’il y ait aucuns visages heureux, d’autres mal-encontreux. Et crois, qu’il y a quelque art à distinguer les visages debonnaires des nyais, les severes des rudes, les malicieux des chagrins, les desdaigneux des melancholiques, et telles autres qualitez voisines. Il y a des beautez, non fieres seulement, mais aigres : il y en a d’autres douces, et encores au delà, fades. D’en prognostiquer les avantures futures ; ce sont matieres que je laisse indecises[12].

« Quelque art » signifie ici « quelque supercherie », « quelque tromperie », et non plus « quelque science » : Montaigne éloigne la métoposcopie de la médecine et de la philosophie,  ne la jugeant pas apte à connaître les passions des hommes – comme ses Essais le sont. Jean Bodin, auteur de La Démonomanie des sorciers, ouvrage de démonologie ayant pour fonction d’aider à démasquer les véritables sorciers, juge également la métoposcopie suspecte ; du moins elle est faillible, si elle n’est pas illicite. Il rapporte ainsi l’histoire de Socrate qui a su agir sur son tempérament par la force de sa philosophie et contredire ainsi les lignes de son front :

Alcibiade s’esclata de rire, quand il ouyt dire à Zopire Physiognome, que Socrate estoit dameret & paillard, & fort cholere : Et neantmoins Socrate le confessa : Mais il dist que l’amour de sagesse l’avoit tout changé. Aussi voyons nous que tel porte le visage d’une vierge, qui a le cueur d’un lyon, comme estoit Alexandre le Grand : Et bien souvent celuy qui porte un lyon au front, a un lievre au cueur. C’est pourquoy la Metoposcopie, & les predictions d’icelles [sic.] sont humaines, pour l’incertitude aussi, quoy qu’on attribue à Aristote le livre de la Physiognomie, qui comprend la Metoposcopie qui n’a rien du style d’Aristote[13].

Aussi la métoposcopie a-t-elle tendance à péricliter, et cela d’autant plus que la publication d’œuvres de métoposcopie pouvait s’avérer dangereuse, car elle était condamnée par les théologiens, en ce qu’elle prétendait prédire l’avenir et pénétrer les voies divines. Celle de Cardan fut ainsi censurée et ne fut publiée qu’un siècle après qu’elle avait été écrite, le libraire Thomas Jolly ayant retrouvé le manuscrit au XVIIe siècle. Dès la fin du XVIe siècle, la physiognomonie ou physionomie comparée prend le pas sur l’anatomie astrale[14].

La physiognomonie comparée

La physiognomonie s’éloigne donc de l’astrologie à la fin du XVIe siècle, en raison sans doute d’une montée de la rationalité, réelle, mais également de l’interdiction des sciences occultes par Sixte V en 1586[15]. Les physiognomonies « naturelles » qui apparaissent restent malgré tout ambivalentes et redevables à l’anatomie astrologique, ne serait-ce qu’en raison du lien entre la théorie humorale et l’astrologie[16]. Les physiognomonies ont un rôle médical, puisqu’elles servent à « relever des symptômes », qui deviennent pour le médecin les « signes cliniques de la maladie[17] », maladie de l’âme, se traduisant sur le corps. La Physionomie humaine de Giambattista della Porta, publiée en 1586, permet de comprendre un peu mieux ce qu’est l’anatomie comparée. Della Porta revient aux théories aristotéliciennes, Aristote étant l’auteur à qui le premier traité de physiognomonie a été attribué. Aristote, écrit-il, « prouve dans la Physionomie que quand l’Ame change d’habitude, c’est-à-dire de complexion & de mœurs, le Corps change à mesme temps de forme[18] ». Ce principe est commun à toutes les anatomies de la Renaissance ; cependant la physiognomonie repose particulièrement non plus sur une logique astrologique, mais sur une logique mathématique, le syllogisme des similitudes :

Si quelqu’un veut trouver les signes qui font connoistre la force du lion, sçavoir est, avoir les extrémitez grandes, ne verra t’il pas que les mesmes signes conviennent à tous autres animaux robustes, comme au taureau, au cheval, & au sanglier, qui ayant tous de grandes extrémitez, sont aussi robustes & forts ? C’est d’où le Physionome tirera son argument ou Syllogisme. Quiconque aura de grandes extrémitez, sera fort, donc &c[19].

Ainsi se lisent les passions naturelles[20] à tel ou tel homme, les passions dominantes, qui impriment leurs « marques[21] » pérennes.

On voit en cette figure la teste de moyenne grosseur & grandeur entre autres testes humaines, avec celle du lion (La Physionomie humaine, op. cit., p. 78).

Aristote recommande à Alexandre le Grand, la teste mediocre, dont la forme n’est ny trop grande, ny trop petite : Pol. & Adam la prisent aussi beaucoup. Il me semble qu’on la doit comparer à celle du lion ; car comme on peut voir chez Arist. en la forme du lion ; cet animal à proportion des autres parties de son Corps l’a moderément grosse & grande. Albert dit à ce suiet que la mediocre est un signe que l’homme a de l’esprit & du sens, & qu’il est quelquefois timide & liberal : mais moy, veu qu’il a de la relation avec le lion, ie ne le iugerois pas timide, mais hardy & de grand cœur.

Plus encore que pour la métoposcopie sans doute, l’art de l’observation et du dessin est important pour faire apparaître les similitudes entre l’individu et l’animal auquel il ressemble et qui détermine sa passion dominante. Cette comparaison avec l’animal permet de transformer complètement un jugement : la tête moyenne – « médiocre » – n’est pas, comme il pourrait sembler, un signe de timidité, mais une marque de courage, car elle est un attribut léonin. Selon la même logique, le « front tranquille » d’un individu le rapproche du chien domestique, et prouve par conséquent qu’il est flatteur comme le chien domestique et sans doute un peu fourbe.

En ce portraict se voit la figure de la teste du chien domestique, dont le front est tranquille & la peau estendue sans rides ; & à costé on voit aussi celle du front de l’homme approchant de sa similitude (La Physionomie humaine, op. cit., p. 131).

Du front tranquille

On tient pour flateurs ceux qui ont le front tranquille, dont la peau est estenduë & sans rides, & cela se reconnoit par l’effect. Parce que d’ordinaire ils deviennent tels. Ce signe se reconnoit au front des chiens, qui estendent la peau en flattant. Aristote appuye cette opinion en sa Physionomie, entendant que c’est des chiens domestiques dont il est question. Albert dit apres luy que ceux qui ont la peau du front lasche & comme riante, sont en effet flatteurs, mais cela n’est pas sans soupçon de perfidie & de malice. Car devant les personnes, ils font leur possible pour flatter & gaigner leurs bonnes graces, mais en derriere ils en médisent & détractent, dissimulant sous leur front ce qu’ils ont en l’Ame.

* * *

L’art a donc servi la médecine à la Renaissance, comme, en retour, la recherche passionnée des secrets de l’homme, des liens entre l’expression physique et la caractérisation morale, a servi l’art. Au péril de leur vie parfois, les anatomistes effectuaient des dissections, composaient des œuvres interdites par l’Église pour approfondir leur compréhension de l’homme. Ces sciences restent imparfaites – et les scientifiques ne le nient pas –, parce que la volonté de l’homme peut toujours les contredire– l’exemple de Socrate est ainsi repris par plusieurs –, mais en tout cas elles sont révélatrices d’une foi en l’utilité des beaux-arts et en une harmonie cosmique entre les arts et les sciences. La Renaissance ne disparaît pas avec le XVIe siècle, loin de là, et la pensée analogique subsiste au siècle classique, tout en se transformant et en se rationalisant par l’apport de la géométrie. La science anatomique perd de son aura en perdant de son mystère, mais l’art ne disparaît pas totalement des préoccupations médicales. La physiognomonie et l’intérêt porté aux expressions du visage réapparaissent avec force au XIXe siècle et s’appuient cette fois sur les apports de la photographie pour servir la médecine. Les expériences prises sur le vif de Guillaume Duchenne de Boulogne[22] sont ainsi fortement dérangeantes, car, au-delà de leur aspect scientifique elles ont fondamentalement pour but de capter une émotion et en réveillent à leur tour chez l’analyste spectateur qui n’est plus bien sûr ni de son statut ni de celui de l’objet qu’il observe. Ainsi science et art s’épaulent en suscitant de nouvelles émotions, dont la science seule à son tour ne pourra sans doute pas rendre compte.


Bibliographie

Œuvres des XVIe et XVIIe siècles

Bodin, Jean, De la démonomanie des sorciers, 1580 ; édition utilisée : fac-similé de l’édition de Paris, Jacques du Puy,.1587, Paris, Gutenberg Reprints, 1979. Jean-Jacques Courtine et Claudine Haroche, Histoire du visage, XVIe – début XIXe siècle, Paris, Rivages, 1988.

Cardano, Girolamo, Metoposcopie de Hierosme Cardan. Des Regles generales necessaires pour comprendre plus facilement, & heureusement la Metoposcopie [1558, première édition, 1648] ; édition utilisée : fac-similé de l’édition de 1648, Alain Baudry & cie, 2010.

Della Porta, Giambattista, De humana physiognomica, 1586 ; édition utilisée : La Physionomie humaine, Rouen, Jean & David Berthelin, 1660.

Du Laurens, André, Œuvres anatomiques, traduites du latine en français, Paris, Jean Petit-Pas, 1639.

La Bellière de La Niolle, Claude de, Physionomie raisonnée ou secret curieux pour connoître les inclinations de chacun par les règles naturelles, Paris, E. Couterot, 1664.

Montaigne, Michel de, Essais, [1580, 1588] ; édition utilisée : édition de Villey-Saulnier, Paris, PUF, 2965, nouvelle édition 2004.

Paré, Ambroise, Œuvres, 1575, édition utilisée, 8è édition, Paris, 1628, introduction.

Corpus critique et autres

Berriot-Salvadore, Evelyne, « Les médecins analystes de la Passion érotique à la fin de la Renaissance », dans Yon, Bernard (dir.), La Peinture des passions de la Renaissance à l’âge classique, acte du colloque international de Saint-Étienne, 10-12 avril 1991, sous le patronage de la Société française des Seiziémistes, la Société d’études du XVIIe siècle, Saint-Étienne, Publications de l’université de Saint-Étienne, 1995, p. 257-269.

Céard, Jean, « La Physiologie de Fernel: l’anatomie et la physiologie, ou la géographie et l’histoire du corps humain », dans Isabelle Martin et Ilana Zinguer (dir.), Théâtre de l’anatomie et corps en spectacle, op. cit., p. 49-62.

Duchenne de Boulogne, Guillaume, Mécanisme de la physionomie humaine ou analyse électro-physiologique de l’expression des passions, 1862.

Van Delft, Louis, Nature humaine et caractère à l’âge classique, dans Littérature et anthropologie, Paris, PUF, 1993.

Zinguer, Ilana, « L’anatomie du désir dans la philosophie de l’amour au XVIsiècle : Les Dialogues d’amour de Léon Lhébreu », dans Isabelle Martin et Ilana Zinguer (dir.), Théâtre de l’anatomie et corps en spectacle, op. cit., p. 197-212.


Notes

[1] En effet, la science de l’anatomie ne peut exister sans celle de la dissection, qui se heurte à des limites d’ordre théologique, bioéthique dirions-nous aujourd’hui. Par ailleurs, « l’anatomie tend vers la seule vérité expérimentale et scientifique. Elle est, au double sens du terme, demonstratio, elle montre et elle prouve. L’autorité religieuse a donc pu redouter son essor. » (Louis Van Delft dans Nature humaine et caractère à l’âge classique, dans Littérature et anthropologie, Paris, PUF, 1993, p. 186). Cependant, les médecins outrepassent les interdictions et les autorités laissent faire. Ainsi, une sorte d’accord tacite entre les praticiens et les théologiens permet à la médecine et à la connaissance physique de l’homme de progresser : « si les tribunaux ecclésiastiques se montrent vigilants, l’attitude des pouvoirs peut être qualifiée de relativement libérale » (Ibid,, p. 188).

[2] Ainsi le sanguin sera plutôt jovial et en bonne santé, le mélancolique porté à la tristesse mais capable d’accès de génie, le flegmatique mou et difficile à impressionner, le bilieux colérique.

[3] Sur ces questions, voir Ambroise Paré, Œuvres, 1575, édition utilisée, 8è édition, Paris, 1628, introduction.

[4] Claude de La Bellière de La Niolle, Physionomie raisonnée ou secret curieux pour connoître les inclinations de chacun par les règles naturelles, Paris, E. Couterot, 1664, p. 1-2.

[5] Ilana Zinguer, « L’anatomie du désir dans la philosophie de l’amour au XVIsiècle : Les Dialogues d’amour de Léon Lhébreu », dans Isabelle Martin et Ilana Zinguer (dir.), Théâtre de l’anatomie et corps en spectacle, op. cit., p. 198. La soudaine déchéance physique reflète ainsi la perversion morale, ou une pathologie plus passagère de l’âme, comme la mélancolie érotique ; c’est ce qu’écrit André Du Laurens, un célèbre médecin du début du XVIIe siècle, au « Second discours auquel est traicté des maladies melancholiques et du moyen de les guarir » (Œuvres, 1597, chapitre II, p. 24). Sur ce point, voir Evelyne Berriot-Salvadore, « Les médecins analystes de la Passion érotique à la fin de la Renaissance », dans Bernard Yon (dir.), La Peinture des passions de la Renaissance à l’âge classique, acte du colloque international de Saint-Étienne, 10-12 avril 1991, sous le patronage de la Société française des Seiziémistes, la Société d’études du XVIIe siècle, Saint-Étienne, Publications de l’université de Saint-Étienne, 1995, p. 258 et p. 263.

[6] Jean Céard, « La Physiologie de Fernel: l’anatomie et la physiologie, ou la géographie et l’histoire du corps humain », dans Isabelle Martin et Ilana Zinguer (dir.), Théâtre de l’anatomie et corps en spectacle, op. cit., p. 49.

[7] Il ne fut pas loin de découvrir ainsi la circulation sanguine.

[8] Ces différents types sont recensés par Louis Van Delft dans Nature humaine et caractère à l’âge classique, dans Littérature et anthropologie, Paris, PUF, 1993, p. 217 sq. Il distingue ainsi :

  • L’anatomie « ad majorem gloriam Dei »
  • L’anatomie cosmographique
  • L’anatomie métaphysique
  • L’anatomie astrologique
  • L’anatomie comparée
  • L’anatomie humaniste
  • L’anatomie appliquée
  • L’anatomie déliée

[9] André Du Laurens, Œuvres anatomiques, traduites du latine en français, Paris, Jean Petit-Pas, 1639, chap. II, p. 4-5.

[10] Girolamo Cardano, Metoposcopie de Hierosme Cardan. Des Regles generales necessaires pour comprendre plus facilement, & heureusement la Metoposcopie [1558, première édition, 1648] ; édition utilisée : fac-similé de l’édition de 1648, Alain Baudry & cie, 2010, p. 7.

[11] Ibid., p. 8.

[12] Michel de Montaigne, Essais, III, 12 [1588] ; édition utilisée : édition de Villey-Saulnier, Paris, PUF, 2965, nouvelle édition 2004, p. 1059.

[13] Jean Bodin, De la démonomanie des sorciers, 1580 ; édition utilisée : fac-similé de l’édition de Paris, Jacques du Puy,.1587, Paris, Gutenberg Reprints, 1979, p. 43-44.

[14] Elle influencera avec des variations importantes que nous n’étudierons pas ici les grands physionomistes analystes des passions au XVIIe siècle, et notamment Charles Lebrun dans son Traité des passions, dans lequel il s’inspire largement de Giambattista della Porta.

[15] Jean-Jacques Courtine et Claudine Haroche, Histoire du visage, XVIe – début XIXe siècle, Paris, Rivages, 1988, p. 67.

[16] Ibid., p. 69.

[17] Ibid., p. 44.

[18] Giambattista Della Porta, La Physionomie humaine [De humana physiognomica, 1586], Rouen, Jean & David Berthelin, 1660, p. 4.

[19] Ibid., p. 31.

[20] « Physionomie » signifie « loi de la nature ».

[21] Giambattista Della Porta, La Physionomie humaine, op. cit., p. 32.

[22] Voir Guillaume Duchenne de Boulogne, Mécanisme de la physionomie humaine ou analyse électro-physiologique de l’expression des passions, 1862.


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