Illusions perdues de Xavier Gianoli

Ivan Magrin-Chagnolleau

Où est passé le cinéma utopiste de Xavier Gianoli ?

Illusions perdues est le nouveau long métrage de Xavier Gianoli. Il s’agit d’une adaptation du roman éponyme d’Honoré de Balzac. Le roman et le film racontent l’histoire d’un jeune poète de province, Lucien Chardon, dit Lucien de Rubempré, qui monte à Paris dans l’espoir d’y faire carrière et d’y être publié.

Cette adaptation de Xavier Gianoli est très réussie. La mise en scène est brillante, très dynamique, et le film a beaucoup de rythme. La direction d’acteurs est aussi très précise, et les acteurs excellents. À noter notamment Benjamin Voisin (Lucien), qui produit un travail de création de personnage très détaillé et très crédible. On notera aussi Vincent Lacoste (Etienne Lousteau) et Salomé Dewaels (Coralie), deux rôles secondaires du film, également brillamment interprétés.

Le sujet du film est très actuel, et propose une réflexion en miroir sur notre société. En arrivant à Paris, Lucien se retrouve à écrire des critiques pour un journal populaire, et s’éloigne petit à petit de son rêve littéraire. Il travaille pour un journal dont l’objectif est de faire et défaire les réputations d’artistes, sans égard pour la valeur artistique des œuvres de ces artistes. Le ragot est devenu plus important. Le bon mot est devenu plus important. Ce que l’on pense vraiment, ce que l’on ressent n’est plus si important, au risque de se perdre, de perdre son authenticité.

Si ce nouveau long métrage de Xavier Gianoli est particulièrement réussi, et que l’on retrouve sa grande maîtrise de la mise en scène et de la direction d’acteurs, il est aussi désenchanté. Je regrette personnellement le Xavier Gianoli d’À l’origine ou de Marguerite, qui nous livrait, à travers ces deux films, un cinéma de l’utopie. Et dans ce genre, non seulement Xavier Gianoli excelle, mais il est aussi un des rares cinéastes français d’aujourd’hui à s’y frotter. On attend donc de nouveau avec impatience un film de Xavier Gianoli dans cette veine utopiste, car on en a grand besoin.

Réalisation : Xavier Gianoli
Scénario : Xavier Gianoli & Jacques Fieschi
Photographie : Christophe Beaucarne
Montage : Cyril Nakache
Son : Didier Lozahic & François Musy
Interprétation :
Benjamin Voisin (Lucien Chardon, dit Lucien de Rubempré)
Vincent Lacoste (Etienne Lousteau)
Salomé Dewaels (Coralie)
Xavier Dolan (Nathan d’Anastazio)


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