Dîner chrétien du 10 septembre 2015
Myriam Boisaubert
Pour citer cette contribution
Boisaubert, M. (2016). Dîner chrétien du 10 septembre 2015. p-e-r-f-o-r-m-a-n-c-e, 3.
Dîner chrétien du 10 septembre 2015
Trois personnes
Récit
Dentex dentex
Sparidae
Nourri de céphalopodes
Du fond tiraillés
Denti matador des mers
Ecailles je dépareille je m’en pare et brille au drame
Extirpés les entrailles
Inciser le précieux de précis composé
Attaquée la dorsale le couteau dans la chair enfin s’impose
Matière d’eau céleste
Tourmenter l’arête jusqu’à la digue la délinéer et poursuivre zélée
Jusqu’à l’ombilic d’Ichtus rictus à bord
Le frein sous l’ouïe réclame un passe-droit
Sans hâte je contourne cette épine je longe les mines jusqu’à l’encolure gauloise
Si bonne au grill
De l’autre côté
Je répète
Deux sections épaisses iridescentes et obstinées
Tendues par l’opulente impudence des chasses passées
L ’un je sale l’autre brut j’empaquète et le dépose au pôle
L’instinct profitant de l’instant je bois le thé avec le lièvre de mars
Je l’apprécie jusqu’au sang
Le temps de faire un feu une braise embaumée
Bois de tamaris et copeaux de fruitier en fumée
Bain de chimère pour l’auguste nature à présent affublée d’un bouquet de bosquet
L’émérite au sel soudain mat de peau est béat
Valeureux je lui offre un somme aux frimas sous cellulose diaphane
Confronté à son double immaculé il pourra envisager la transfiguration
Dans les vapeurs de l’arrière-monde
La tête est au bouillon sérieusement impliquée
Fenouil en tête l’oignon noir de flamme est ferré de girofle
Bouquet pléthorique ail tyrannisé algue légionnaire kombu
L’alléchante prose de la tomate en chair mure
L’espelette fait le guet une feuille d’agrume à bosse très alerte à ses pieds
Le curcuma frais comme la citronnelle bouillonnent
La synthèse est insolente superbement concentrée et quasi démone
Une ration je récupère encore je réduis pour évaporation du quasi
Pour élaboration du succube en gelée figé
Entrée du concombre égrainé vinaigré adouci algué comme un japonais sous terre
La betterave mère autoritaire naturellement crue juteuse à l’orange citronnée
Allium ursinum amène le sel de gardian et poivre des Indes
Les frères de mer à nouveau réunis je traque le chaste
Lame parfaite certifiée je lui fait la peau et biseaute à gogo
En pétales tendus
Sur un sanctuaire bleu de Prusse rigoureusement disposés je bénis d’extra vierge
Or de Sicile aux nues pointes de gelée sulfure
Je mouchète d’expression mandarine
Pistils de safran au vent les fleurs de bourrache et l’estragon se placent
Surexposé le kombu cette fois au rabot
Croyant disparaître s’embusque dans le speech exprès
Le sel s’aromatise de bergamote et le poivre Sansho taquin
Amorce une tarentelle calibrée
Retour du frère halé en fanfaron des bois
Sa peau fragrante à l’isoloir
En ordre d’élite j’ébisèle le convers costumé
Je le gomine d’abondance sicilienne le paillette en douce de nori femelle
Criste marine condiment amiral et déhanché de karimunda
En déduction le bouillon infusé à la peau fumée de sa Majesté
J’y poche ses ultimes fractions une feuille de bette maritime de l’oseille
Je sème une fleur de basilic pourpre et je souffle sur le filtre de psyché
Détour sur terre un fromage de chèvre choyée riche de sens propre
Conspiration par l’allumelle d’un laitage hors d’âge
Momifié par Lataste le grand sorcier
Le dernier mot au mûrier platane
Les fruits en sorbet dare-dare
Pare-lèvres d’un bleu pendu parfait
Le cérémonial dansé avec costumes cabriolés et maniérisme magique
De bonne grâce
Avec, par ordre d’apparition :
Côtes de Provence Les genêts 2011 Château de Roquefort,
Raymond de Villeneuve Flayosc
Edmond Sancerre 2012 Alfonse Mellot
Calvados brut de fût récolte 1976 Domaine Dupont
Champagne brut nature André et Michel Drappier
Le 5 octobre 2015