Au delà des montagnes de Jia Zhang-Ke
Ivan Magrin-Chagnolleau
La métaphore du cadre
Jia Zhang-Ke nous raconte dans ce très beau film la Chine en mutation. Le film est divisé en trois parties, qui se déroulent chacune à une époque différente. Les deux premières se déroulent en Chine, respectivement à la fin du XXème siècle, puis aujourd’hui. La troisième partie se déroule en Australie dans le futur. Dans chaque partie, on retrouve les mêmes personnages, qui essaient de faire sens de leur vie, et de leur pays en mutation, la troisième partie en Australie représentant en quelque sorte l’immigration vers une terre promise où la vie serait meilleure.
Cette mutation de la Chine et de la mentalité de ses habitants est soulignée métaphoriquement par la dimension du cadre, qui est de 4/3 dans la première partie (c’est-à-dire un format qui est presque carré et donc étroit), et qui va vers du 2:35 dans la troisième partie (c’est-à-dire le format le plus panoramique et donc le plus large). Le film explore également de manière très subtile la transformation des relations entre les personnages au fil du temps, et comme conséquence des choix qu’ils ont faits. Se pose aussi dans la troisième partie la question identitaire du fils du personnage principal, qui a grandi en Australie et se sent parfaitement intégré à cette nouvelle société et culture, ce qui n’est pas le cas de ses parents qui, eux, ont grandi et passé la plus grande partie de leur vie en Chine. Le film est servi par une mise en scène très efficace.
Réalisateur : Jia Zhang-Ke
Scénario et dialogues : Jia Zhang-Ke
Décors : Liu Qiang
Musique : Hanno Yoshihiro
Montage : Matthieu Laclau
Son : Zhang Yang
Interprètes :
Zhao Tao (Tao)
Zhang Yi (Jinsheng)
Liang Jingdong (Liangzi)
Chang Sylvia (Mia)
Dong Zijang (Daole)