La Finale de Robin Sykes
Elliott Lefebvre
Deux générations qui se retrouvent autour d’une passion commune
La Finale mêle avec brio deux univers très différents qui s’unissent au travers d’une thématique commune : le sport. Entre le jeune homme jouant sa vie pour gagner une finale de basketball qui décidera s’il est recruté dans de grandes équipes et son grand père atteint gravement d’Alzheimer au point de tout oublier dans les secondes qui suivent et de se croire en 98 avant la finale de la coupe du monde de football, La Finale mêle une comédie sur la situation familiale tendue et un drame sur les mémoires du grand père lui revenant progressivement en lui révélant des vérités sur lui même qui le déstabilisent. Ce sont toutes ces raisons qui me poussent à recommander ce film comme valant la peine d’être vu.
Les deux acteurs Rayane Bensetti (J. B.) et Thierry Lhermitte (Roland Verdi) fusionnent brillamment pour forger un vrai lien familial tout au long de l’intrigue, lien qui paraît invisible au départ mais prend de plus en plus d’épaisseur au gré des péripéties. Le jeu d’acteur de Thierry Lhermitte dans le rôle du grand père en appelle à notre émotion tant on se prend rapidement d’affection pour le personnage. Délaissé par tous les membres de sa famille à cause de sa maladie, au point de voir son propre appartement mis en vente sans son accord, c’est également un combat contre lui-même, et en particulier sa maladie, qu’il mène sans se soucier du fait que c’est probablement perdu d’avance.
De son côté, son petit fils incarné par Rayane Bensetti excelle dans la représentation des jeunes hommes d’aujourd’hui. Bien qu’au départ il refuse complètement de devoir s’occuper de son grand père, lorsque le reste de sa famille s’absente et qu’il est le seul à pouvoir le surveiller en dépit de son besoin de quitter Lyon pour se rendre à Paris où se tient sa finale, il gagne progressivement plus d’affinité avec son grand père, malgré les nombreux problèmes qu’il lui cause pendant le trajet, jusqu’à être le seul à réaliser à quel point, malgré la maladie, il est toujours un élément majeur de la famille, qui ne mérite pas d’être laissé sur le banc. Ce film repose donc sur des intrigues et conflits multiples, comme le conflit familial, le conflit de générations et évidemment le conflit lié au match, de basket pour J.B. et de football pour Roland.
La différence de générations qui s’entrechoquent s’exprime aussi à travers la musique. On note beaucoup de passages différents entre J.B. écoutant sa musique “moderne” qui déplaît à Roland, puis ce dernier écoutant sa propre musique qui déplaît à J.B. Il est également bon de noter que lorsque l’on voit le CD qu’écoute Roland apparaître à l’écran, il est inscrit dessus “Chansons Catherine”, ce nom étant celui de sa femme décédée, décès dont il n’a plus la mémoire. Roland vit dans le passé alors que J.B. vit dans le présent. C’est encore une fois un conflit des générations qui s’affirme. Il est également bon de noter que la caméra est très souvent en mouvement avec J.B., qui tend à apporter ce mouvement aux plans sur lesquels apparaissent Roland lorsqu’il est proche de lui, ce qui peut sans doute signifier à quel point son petit-fils ne veut pas s’arrêter et compte bien entraîner son grand père avec lui.
Ce film s’achève sur une famille réunie où J.B. et Roland sont au milieu de la scène. C’est la fin d’un long voyage à travers la France au cours duquel un lien puissant s’est formé entre les deux personnages jusqu’à s’étendre vers les autres membres de la famille.
Ce sont ces multiples conflits s’entrechoquant et ces nombreux thèmes mélangés qui rendent ce film riche en émotions. Sa faculté de pouvoir passer d’un moment comique à un autre dramatique, gérés avec brio, créent parfois des ascenseurs émotionnels qui nous gardent d’autant plus captivés. Encore une fois, ce film vaut bien le coup d’être vu.
Réalisateur : Robin Sykes
Producteur : Thibault Gast, Matthias Weber
Scénario : Robin Sykes, Antoine Raimbault
Photo : Jean-François Hensgens
Musique : Etienne Forget
Montage : Jean-Baptiste Baudouin
Son : Raphaël Seydoux
Interprètes principaux :
Thierry Lhermitte (Roland Verdi)
Rayane Bensetti (J.B.)
Emilie Caen (Delphine Verdi-Soualem)
Liès Salem (Hicham Soualem)