Nice Girls Don’t Stay for Breakfast de Bruce Weber

Ivan Magrin-Chagnolleau

Mais qui est vraiment Robert Mitchum ?

Le nouveau film de Bruce Weber, Nice Girls Don’t Stay for Breakfast, dresse un portrait très atypique et par petites touches de l’acteur américain Robert Mitchum, acteur qui a occupé une place bien à part dans le milieu hollywoodien. Bruce Weber, à qui l’on doit le magnifique documentaire Let’s Get Lost sur Chet baker, a filmé pendant plusieurs mois Robert Mitchum. Il a également interviewé plusieurs personnalités qui l’ont bien connu (Johnny Depp, Clint Eastwood, etc.). Il a aussi rassemblé des images d’archives incroyables et le plus souvent inédites. Pourquoi ce film a mis plus de 20 ans à sortir reste un grand mystère, mais heureusement que ce film s’est fait et que l’on peut enfin le voir !

C’est un document d’une grande valeur. Il est construit de façon très atypique, un peu à la manière d’un portrait impressionniste en peinture. Il juxtapose des images d’archives, des extraits de films, des interviews, des images de Robert Mitchum que Bruce Weber a lui-même tournées. Cette juxtaposition semble n’obéir à aucune logique, si ce n’est celle du moment. On fait des va-et-vient dans le temps, on passe d’un extrait de film à une séance d’enregistrement de chanson, on passe d’un lieu à un autre, d’un âge à un autre. Tout cela forme un tourbillon dans lequel on se laisse emporter. Et au détour de l’un de ces tourbillons, on est saisi par l’émotion d’une séquence, par le charme d’une autre, par un regard furtif capté par la caméra, ou par un moment de vérité où Robert Mitchum livre quelque chose de très intime devant la caméra de Bruce Weber.

Un film à voir absolument. Pour découvrir ou redécouvrir cet immense acteur. Pour pénétrer au cœur de la vie publique et privée d’un homme qui a occupé une place à part dans le cinéma américain. Un acteur plein de contradictions (qui n’en a pas ?) et en même temps tellement attachant dans sa vulnérabilité. Un film qui ne laisse pas indifférent !

Réalisateur : Bruce Weber


Biographie d’Ivan Magrin-Chagnolleau